L’Alpin – Naissance d’un vélo de route artisanal

Comme chez les êtres humains, la gestation d’un nouveau modèle de vélo chez les Cycles Cattin est un processus qui prend bien 9 mois ! Bien sûr, comme toutes grossesses modernes, je vous ai déjà dévoilé bien des choses, il ne manquait bien que le faire part, le voici !

L’Alpin n’est pas un vélo de série comme ont pu l’être le Charmant Som et l’ADN, il est né de mon envie de structurer ma gamme de vélo en un nombre limité de modèles, en fonction des typologies d’utilisation : route, randonnée, voyage… Il n’y aura donc pas de cadres Alpin de série, avec des tailles prédéterminées et des choix déjà arrêtés. Il sera un pur sur mesure (comme le reste de la gamme au demeurant qui le redevient.) Par contre, lorsque vous franchirez la porte de l’atelier (ou que vous me contacterez par mail ou téléphone) avec l’envie de faire fabriquer un beau vélo de route artisanal, l’Alpin sera le point de départ de notre discussion.

Pour que vous compreniez bien les raisons derrière les choix que j’ai fait pour ce point de départ, choix parfois à rebours de l’industrie du cycle, je vais vous raconter l’histoire de sa création.

L’esprit Cattin

Cet automne, j’ai eu 3 commandes de vélos de route. Chacune à leur façon, elles illustraient les raisons pour lesquelles des cyclistes désirent faire fabriquer un vélo de route chez les Cycles Cattin. Il y a tout d’abord l’envie d’acquérir un bel objet, fabriqué par un artisan que l’on rencontre et avec qui l’on échange. Une rencontre que l’on fait pas très loin de chez soi et qui conduit à un acte d’achat muri et éclairé, aux antipodes de l’hyper consommation actuelle. Ensuite, il y a la recherche d’un vélo adapté, à fois sur le plan physique (l’un des clients avait des particularités morphologiques suite à un grave accident) que sur l’utilisation (un autre cherchait un vélo pour la longue distance). Enfin, il y a la recherche d’un vélo simple et efficace, loin des objets ultra sophistiqués que l’industrie produit à l’heure actuelle. Artisanat, sur mesure, simplicité et efficacité, voilà le cœur de notre approche du vélo depuis 40 ans, l’esprit Cattin en somme.

Même si ces 3 clients étaient très différents, notamment dans l’utilisation qu’ils auront de leur vélo, ils ont beaucoup de points communs. Ce fut l’élément déclencheur qui me poussa à donner corps à un nouveau modèle de vélo de route. Après avoir fabriqué les 3 vélos, j’ai réalisé un cadre qui servira de modèle d’exposition pour l’Alpin et qui reprend, entre autre les points communs des 3 vélos tout juste livrés. In fine, ces points communs ne sont rien d’autres que l’esprit Cattin.

Fabrication artisanal

Concevoir un modèle de vélo est un exercice de synthèse toujours intéressant. Il faut à la fois retenir les points forts de 40 ans d’expérience et sentir l’air du temps pour proposer un produit pertinent. C’est d’autant plus dur pour un vélo de route, car l’air du temps diverge complétement de ma conception propre. Mais il s’agit de l’essence même de l’artisanat : se reposer sur un savoir faire et des techniques de fabrication maitrisées à la perfection et pourvoir les projeter dans une direction nouvelle.

Pour la fabrication du cadre de l’Alpin, j’ai repris la technique de brasure « brute » que j’utilise pour les Charmant Som et ADN et qui me permet de travailler plus vite. Elle a d’autres qualités, elle permet de moins chauffer les tube, de ne pas les limer et d’utiliser moins de brasure,. Il en résulte un moindre affaiblissement des tubes (soit par détérioration des propriété thermique à cause de la chauffe, soit par un ponçage excessif) et un poids contenu.

Je voulais aussi revenir à des sections de tubes plus fines, comme sur le Charmant Som, car je trouve que cela affine la ligne et tranche avec les vélos actuels. Visuellement, je souhaitais lui donner un petit look de la fin des années 90, avec son jeu de direction externe et sa fourche à pivot 1″1/8 constant et fourreaux cintrés. Mais tout cela devait se faire sans compromis sur le poids et les performances. J’ai donc renforcé la rigidité de la partie basse du cadre (tube diagonal et bases) avec l’utilisation de tubes traités thermiquement de chez Dedacciai. Je voulais aussi que la géométrie donne un vélo joueur et performant et ce à des vitesses qui sont celles de mes client·es et non du peloton du Tour de France.

Les tubes utilisés proviennent des séries Dedacciai Zero LTP et Columbus Life. La douille de direction et le boitier de pédalier sont affinés et un collier de selle brasé avec un renfort maison a été réalisé pour obtenir un poids final réduit et une solidité préservée. Le résultat final donne un cadre pesé à 1450 g après peinture en taille L (pour un·e cycliste d’environ 1,80 m et 75 kg). L’objectif de poids est amplement atteint !

Simplicité et efficacité

Mais le travail artisanal, aussi beau soit-il, ne sert à rien si le vélo ne fonctionne pas. C’est la partie cachée du savoir faire, celle qui se voit difficilement à l’œil. Pourtant c’est à mon avis la plus importante, celle qui fera que vous serez bien sur votre vélo et qu’il roulera bien. Il commence à l’étude posturale et se conclut à la conception du cadre. Ce savoir faire est le plus difficile à acquérir, il se construit sur le long terme. Il est fait d’essai, d’erreur et de retour client. Il est celui qui sépare le vieil artisan du débutant. Chez les Cycles Cattin, ce savoir faire à conduit depuis longtemps à une ligne de conduite dans les choix de géométrie et d’équipement : un bon vélo est un vélo simple et efficace.

Simplicité

La simplicité est le gage d’un vélo qui dure, qui est facile d’entretien et qui réduit au maximum les ennuis, un vélo facile à vivre. Cela conduit à des choix qui vont contre la doxa actuelle, comme la promotion des freins sur jante et des dérailleurs mécaniques. Cela conduit aussi à interdire (ou fortement déconseiller) les passages internes (comme expliqué dans cet article). Les standards utilisés dans la fabrication sont ceux qui nous semblent les plus pérennes et les plus logiques (boitier de pédalier BSA, tige de selle ronde de diamètre 27,2mm, entraxes de roue standards…)

Efficacité

Mais un vélo de route ce doit être un vélo qui roule aussi vite que nos mollets le permettent ! Il n’est pas question de sacrifier le rendement à l’autel du look, du confort ou de la polyvalence. Il s’agit d’un vélo de route après tout.

Bien sûr, c’est une question de compromis, le rendement ne peut aller sans le confort, sinon, passées les 2 premières heures sur les routes, le calvaire commence et là il n’est plus question de rendement mais simplement de survie. L’Alpin se doit donc d’être tout à la fois confortable mais pas mou, nerveux mais pas trop rigide, joueur mais pas instable et cela pour chacun·e de ses propriétaires ! Car ce n’est pas tout à fait pareille en fonction de la puissance, du poids ou de la vitesse à laquelle on roule.

Et pour cela, il faut affiner à la fois la géométrie : taille des roues, longueur des bases, hauteur de la boite de pédalier, angle de direction, déport de fourche, mais aussi jouer sur les sections et formes des tubes, les types d’acier utilisés et bien sûr les composants qui habilleront le cadre. On se rend bien compte ici que cela dépendra beaucoup de la personne qui roulera sur le vélo, le sur mesure est donc un point essentiel pour atteindre l’optimum de rendement.

Sur mesure

La notion de sur mesure est un concept à géométrie variable. On la retrouve sur tous les sites de vente en ligne des fabricants, où l’on nous promet la personnalisation de la peinture ou le choix de la transmission. Il s’agit pour moi d’une vision très restrictive du « sur mesure », bien loin de ce que l’on peut pratiquer chez un artisan. Pour l’Alpin, celle ci prend 3 dimensions :

L’étude posturale

Chaque cadre est construit après une étude posturale complète qui permet de déterminer la position et l’ergonomie des points d’appui (pédales, selle et cintre). Il s’agit d’un prérequis pour faire un vélo confortable et adapté aux spécificités morphologiques de chacun·e.

La géométrie

Lors de la construction du cadre, je tiens compte à la fois du résultat de l’étude posturale et du programme du vélo pour choisir la bonne géométrie. Celle ci est bien différente entre un vélo de route dédié à une pratique cyclosportive exclusive pour un·e cycliste puissant·e et celui voué à une pratique contemplative.

Le choix des composants et de la peinture

Dès le départs, lors de l’achat d’un Alpin, vous avez le choix entre différentes configurations (roues, transmission et équipements) pour couvrir un large spectre. Mais il est tout à fait possible d’en sortir et d’adapter aux désirs de chacun·e. La dimension esthétique est aussi très importante et elle se traduit par le choix de la peinture et de certains composants. Même si nos vélos restent plutôt sobres la plus part du temps, la fantaisie n’est pas du tout interdite !

Ces 3 dimensions font de l’Alpin un vrai vélo de route sur mesure, qui résulte d’un processus d’échange entre vous et moi, qui part des modèles présentés sur le site et dans le magasin et qui finit par la réalisation de votre vélo, unique et fait pour vous !

Il en vous reste plus qu’à franchir la porte de l’atelier pour commencer la construction de votre Alpin,. Vous pourrez enfin rouler avec un vélo de route fait pour vous et qui accompagnera longtemps sur les routes des Alpes et d’ailleurs !

Toutes les informations sur la page de l’Apin sur le site.

2 réflexions sur “L’Alpin – Naissance d’un vélo de route artisanal”

  1. Philippe VERINE

    Bonjour Fabien 😀
    Félicitations pour ta détermination et ton travail pour obtenir un bon vélo intemporel avec ta griffe. Longue vie à l’Alpin 😇

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