Le garde-boue, l’ami des cyclistes

L’automne venant, me voilà pris du besoin irrépressible de remettre mes garde-boue1 sur mes vélos.

A la fin du printemps, quand la marmotte sort de son terrier, je les enlève, pensant que gagner quelques grammes me donnera l’espoir de gravir les grands cols (pour aller saluer les marmottes) avec un peu moins de difficulté que les années précédentes, idée absurde.

Mais alors pourquoi ce besoin de les remettre lorsque la bise fut venue ? Je suis d’ailleurs l’un des derniers représentants d’une toute petite communauté, qui tend à se réduire d’année en année. Les vélos commerciaux n’en sont presque jamais équipés, à l’exception de quelques VTC et vélos de voyages. Par exemple aucun gravel à ma connaissance n’arbore fièrement des garde-boue…

Il faut dire qu’ils ont mauvaise réputation, ils seraient lourds, se rempliraient de boue au premier chemin et ne serviraient de toute façon pas à grand chose sous la pluie, parce que venant d’en haut, on finit bien par être mouillé·e. En plus ils se cassent systématiquement et prématurément dès que l’on transporte ou stocke le vélo sans ses roues. Bref, leur disparition ne semble pas une grande perte.

Mais alors pourquoi se besoin de les remettre sur ma randonneuse ou mon fixe en ce début octobre ? Et pourquoi les cyclistes du monde entier les ont-ils·elles plébiscités durant plus d’un siècle ? Il ne venait pas à l’idée d’un·e cyclotouriste du milieu du XXe siècle de sortir sans ses garde-boue, surtout à l’automne ! Certes Strava n’était pas là pour leur mettre la pression dans le moindre « segment » de leur sortie du dimanche, un gain de quelques grammes n’était donc pas nécessaire. Pourtant il fallait bien que cette pièce d’alu ou d’inox (et plus tard de plastique) ait un intérêt en soi pour que tant de gens les aient gardés sur leurs vélos pendant tant d’année. C’est ce que nous allons voir ensemble.

Les garde-boue sont beaux

Commençons par l’essentiel, l’esthétique. Il faut bien le dire, de jolis garde-boue donnent toujours un regain de classe à un vélo. Qu’ils soient polis, martelés ou peints, ils apportent toujours quelque chose en plus qui rehausse le cadre et les roues. Je m’en suis rendu compte un peu sur le tas en prenant mes vélos en photos pour alimenter mon site ou les réseaux sociaux. A chaque fois qu’il y avait de beaux garde-boue, le rendu était franchement plus attirant. J’ai pris d’ailleurs cette manie de peindre les garde-boue de mes vélos d’exposition à la couleur des cadres, avec un certain succès !

Les garde-boue sont utiles

Mais ils ne sont pas que beaux, il ne s’agit pas simplement d’un geste frivole en pure perte qui vous fera regretter les euros mis dedans toute votre vie. Ils ont un réel intérêt sur un vélo, si celui ci est voué à rouler sur route ou chemin mouillé. Car leur fonction principale est de garder, le plus possible, l’eau soulevée par vos roues loin de vous. Alors, effectivement ils n’empêchent pas l’eau de tomber et vous serez tout de même mouillé, mais beaucoup moins vite et avec une eau essentiellement propre. Vos pieds seront les premiers à vous remerciez, suivis de près par votre dos et vos fesses. Et finalement c’est votre dignité qui sera préserver, ce n’est pas rien !

Les garde-boue sont un acte de solidarité

Et il n’y aura pas que votre corps, vos tenues et votre machine à laver qui seront bien contentes des bienfaits des garde-boue, il y aura aussi vos camarades d’averse ! Car finalement celui ou celle qui prend le plus la vieille eau sale de bord de route, c’est votre copain ou copine qui roule dans votre roue, et même s’il est lui-même équipé de garde-boue… Rouler avec un tel appendice devient donc un vrai geste altruiste de bonté envers son prochain. Et dans notre monde actuelle, ça ne se gâche pas.

Long, court, bavettes et autres considérations techniques

Pour toutes ces raisons je suis un adepte des grade-boue, je ne saurais m’en passer sur mes vélos et les conseiller à mes client·es. Néanmoins tout cela n’enlève en rien les défauts inhérents au garde-boue, la fragilité, le réglage parfois compliqué pour qu’ils soient efficace mais ne frottent pas sur les pneus…

Il est important ici de rappeler qu’il existe au grand nombre de types de garde boue radicalement différents, des bouts de plastiques d’Ass Savers que l’on coince sous la selle et qui rendent sa dignité à votre arrière train, aux magnifiques garde-boue martelés de Honjo qui viennent presque lécher la route tellement ils sont longs. Je ne vais pas vous dire ce qu’il faut mettre ou ne pas mettre, car cela dépend avant tout de votre pratique, de ce que peut accepter votre vélo et de ce qui vous plait, mais je peux vous donner quelques conseils.

Si vous souhaitez une protection maximale il faut privilégier des garde-boue longs et couvrants, agrémentés d’une bavette si possible (Berthoud en fait de très belles en cuire). Mais cela nécessite que votre cadre et fourche soient prévus pour que de tels garde-boue puissent être fixés et qu’il y ait la place entre le pneu et la fourche et le cadre… Ce n’est pas toujours facile, surtout avec la mode actuelle pour les gros pneus. Si la fragilité vous fait peur, je ne peux que vous conseiller de les prendre en inox, notamment ceux très solides fabriqués par Berthoud, et si vous les voulez plus légers, les Honjo ou les Bastia (ceux que je monte et que vous retrouvez sur la Belle Époque par exemple) en alu seront plus adaptés.

Si vous êtes à la recherche de quelque chose de plus minimaliste, facile à mettre et à enlever, les différentes solutions d’Ass Savers sont plus adaptés, notamment le très bon Win Wing que j’utilise en même VTT ou sur mon tracklocross pour ne pas finir couvert de boue.

Fêtons le garde-boue

Avec tout cela, je ne comprendrais pas qu’il n’y ai pas plus de garde-boue cet automne sur les routes ! Et pour bien finir de vous convaincre, sachez que j’organise avec les ami·es de la Converjante la Grande Fête du Garde-Boue Grenoblois le 11 novembre. On ira rouler le matin (sous la pluie probablement) et on finira de vous convaincre autour d’un verre, des vélos d’artisans (pas que les miens) et de quelques beaux garde-boue !

  1. Petit point grammatical sur l’accord des noms composés prouvant que ce n’est pas une faute d’orthographe (pas ici en tout cas) : lorsque le nom est composé d’un verbe + un nom, le verbe est invariable et le nom est accordé selon de sens et non le nombre, comme il n’y a qu’une boue on écrit des garde-boue (ou des porte-bidon), mais un sèche-cheveux. ↩︎

6 réflexions sur “Le garde-boue, l’ami des cyclistes”

  1. DARON Jean-Michel

    Bonjour Fabien,
    Je partage sans réserve l’esprit de vos propos quant aux garde-boue !
    Sur le fonds, deux remarques cependant :
    – le respect de la distance de sécurité avec le vélo qui éventuellement nous précède, telle que prescrite par la FFV (1,5 longueur de vélo) minimise notre exposition aux projections de ce prédécesseur ;
    – pour ma randonneuse CATTIN démontable, les garde-boue choisis initialement complexifiaient trop le démontage-remontage et le transport sous housse ; au quotidien, je les ai remplacés par des produits BBB, bien plus adaptés à ma pratique ; et qui me permettent d’avoir accès à un plus grand choix de pneus en 650b.
    A tout bientôt.

    1. Merci Jean Michel pour ce commentaire. Il arrive que même à 1,5m de distance, si on roule un peu vite, que l’eau de celui de devant nous finisse dans la figure. Pour l’avoir vécu…

  2. Formidable article comme d’habitude.
    Je soutiens l’aspect esthétique du garde-boue mais, au contraire, je privilégie les garde-boue en inox polis. Bien propres (j’avoue mettre du polish quand j’ai le temps), j’aime tellement voir mes garde-boue briller au soleil, ça donne une telle classe au vélo ! Bon j’avoue que tes photos sont très belles, et les garde-boue peints couleur cadre ça a la classe aussi !
    Par contre, l’absence de garde-boue fixes nous facilite beaucoup la vie pour transporter notre vélo par le train. La SNCF agit contre les garde-boue ! Alors il faut les deux : un vélo avec et un vélo sans garde-boue !

  3. J’aime tellement les miens que je me suis surpris en période de confinement Covid de les faire briller au polish et ce intérieur compris!
    Les inox du confrère Bourguignon de Fabien sont solides, lorsqu’on roule sur une branche, c’est la branche qui lâche et pas le garde-boue.

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